Lorsque je me replonge dans mes premières cartes, le premier point qui me saute aux yeux est clair : les noms de lieux font tâche. C’est quoi cette écriture ?

Si comme moi vous n’avez jamais écrit avec le talent de ce cher Bilbo alors le sujet de cet article devrait vous intéresser. Car lorsque l’on dit “dessiner une carte”, on ne parle pas des mots qui vont inévitablement devoir être couchés sur le papier.

Eh oui, si vous souhaitez que votre carte soit compréhensible par tout le monde, alors il vous faudra y noter le nom des lieux importants, des royaumes, des villes, des mers… Bref, tout ce qui permettra à un lecteur, à une rôliste ou à de simples curieux de “lire correctement” votre carte et votre monde.

Or, l’écriture est sans doute le point le plus négligé sur une carte. Du moins l’est-il chez les néophytes ou les créateurs moins expérimentés. Pour que votre carte soit la plus crédible possible, chaque élément se doit d’apporter du détail et de l’immersion. Les mots ne dérogent pas à cette règle et ajoutent une touche unique à l’ambiance et au style de votre monde sur le papier. Ce sont les mots qui donneront ce ton particulier à votre univers et qui lui permettront d’être aussi lisible que possible, que vous dessiniez sur ordinateur, tablette ou à la main.

Dans cet article, nous allons voir ensemble comment choisir la bonne police d’écriture et comment l’intégrer de façon harmonieuse à votre carte fantasy. 

1- Quelles polices d’écriture pour une carte numérique

Lorsqu’on travaille sur une carte fantasy numérique, le choix des polices est primordial. Non seulement elles doivent être esthétiques et en harmonie avec le reste de la carte, mais elles doivent aussi être lisibles. Cela peut être un véritable défi, surtout lorsque votre carte comporte des éléments complexes ou beaucoup de détails.

Que vous travailliez sur un logiciel comme Krita, Photoshop ou sur un éditeur de cartes comme Inkarnate, certaines polices seront plus adaptées que d’autres.

Des polices efficaces

• Cinzel
  Cinzel est une police classique et élégante, idéale pour les cartes qui cherchent à refléter une ambiance épique et médiévale tout en restant sobre. Elle évoque les inscriptions anciennes ou les manuscrits anciens. Parfaite pour des cartes de royaumes et de cités légendaires.
  Quel usage ? Elle est idéale pour les titres de grandes villes ou de régions. De manière générale, c’est une police parfaite pour désigner de grandes zones de votre carte (voir carrément le titre).

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• Uncial Antiqua
  Un peu moins classique mais relativement simple malgré tout, Uncial Antiqua donnera un style unique à votre monde tout en donnant un peu l’esprit “manuscrit” (subtilement hein).
  Quel usage ? Pour des cartes voulant amener une touche d’originalité sans en faire des caisses. Plutôt pour des titres ou des tailles relativement grandes. 

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• Almendra
  Moins arrondie qu’Uncial et plus droite, Almendra a un rendu plus épais que Cinzel et peut-être un peu plus rustique en même temps. C’est une police parfaitement lisible qui s’adaptera à beaucoup d’univers fantasy.
  Quel usage ? Cartes médiévales classiques, son style la rend parfaitement lisible même en taille réduite.
  

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• Caesar Dressing
  Cette fois, on part sur une police atypique qui ne conviendra pas à tout le monde ni à toutes les cartes. Son style très romain rend son utilisation moins universelle mais l’effet est garanti. Je trouve qu’elle s’adapte très bien à un style nordique également.
  Quel usage ? Cartes historiques ou nordiques. Attention à sa taille, trop réduite elle pourrait devenir illisible rapidement.
  

Quelques polices supplémentaires que je vous recommande pour leur polyvalence et leur rendu : 

• IM Fell English
• Vollkorn
• EB Garamond

Une fois votre police choisie, comment bien intégrer vos textes sur une carte ?

• Ne lésinez pas sur les calques
  Dans Krita, Procreate ou Photoshop, l’utilisation des calques est primordiale. Avoir un calque par texte sera indispensable pour vous permettre de les modifier à façon. Cela permet aussi de tester différentes dispositions et polices sans ruiner votre travail de base.
  
• Effets = plus de lisibilité
  Si votre carte est très fournie, avec beaucoup de détails, il peut s’avérer difficile d’intégrer vos textes de façon claire et lisible. Pour pallier cela, n’hésitez pas à ajouter des ombres portées pour les mettre en avant ou éventuellement des dégradés (légers). Un effet de courbure du texte peut aussi s’avérer intéressant et permettre aux lettres de s’intégrer plus facilement aux dessins.
  
• Une affaire de transparence
  Certains éléments de texte -moins importants mais utiles malgré tout- peuvent aussi voir leur opacité être diminuée. Ils seront alors plus discrets mais toujours identifiables. Des noms de régions par exemple pourront être rendus un peu plus transparents s’il y a beaucoup de villes, de reliefs, de végétations dans cet espace.

^{Sur cette carte de Thierry Jungels, les noms de régions ou de royaumes sont placés avec une couleur proche de celle du continent, amenant ce léger effet de transparence (Mordor, Gondor, Rohan, etc).}

• Limitez les “belles” polices dites “décoratives”
  Si les polices plus élaborées sont souvent très esthétiques et agréables pour l’heure, elles peuvent rendre votre carte illisible voire indigeste pour l’œil. Privilégiez des choix de polices plus sobres, mesurées et gardez les polices décoratives pour les grands titres par exemple.
  

2- Techniques pour un style à la main

Pour ceux qui préfèrent travailler à la main, l’intégration de l’écriture dans la carte peut être un véritable défi, mais c’est aussi ce qui donnera du caractère à votre travail et ce qui rendra votre carte unique. L’écriture manuscrite, si elle est bien réalisée, peut ajouter une dimension supplémentaire à votre carte. J’aime à dire qu’ajouter du texte sur une carte n’est pas de l’écriture mais bel et bien du dessin. Comme tout le reste de votre travail.

Voici quelques astuces pour dessiner vos textes à la main facilement.

• Crayonnez avant tout
  Comme pour le reste des éléments d’une carte, je vous recommande de commencer au crayon et d’esquisser les lettres de vos textes. Cela vous permettra de faire des essais. De placer au mieux vos lettres au milieu de vos régions, vos forêts et montagnes ou autour de vos villes. Prenez votre temps à cette étape et si vous en avez besoin, tâtonnez sur une feuille de brouillon et comparez différents styles.
  
• Restez dans le cadre
  Le problème au moment d’insérer des textes est de conserver une régularité au niveau de la taille des lettres et de leur alignement (ou une courbure régulière le cas échéant). Pour ce faire, tracez deux lignes parallèles qui viendront encadrer le texte en amont. Cela vous évitera d’avoir un E plus grand qu’un P ou bien un titre qui semble pencher d’un côté ou de l’autre.

• N’attendez pas pour placer vos textes
  Un troisième point qui s’apparente davantage à un conseil qu’à une astuce : n’attendez pas la fin de votre carte pour placer vos textes. Dans la mesure où certains noms de lieux pourraient être superposés à d’autres éléments, les placer en premier lieu n’est pas forcément un mal.

Quel style typographique pour vos textes ?

L’avantage du dessin à la main est que vous pouvez littéralement dessiner n’importe quelle forme de lettres sur votre carte.

L’inconvénient du dessin à la main est que vous pouvez partir dans n’importe quelle direction et vous retrouver à ne plus savoir quoi faire.

L’idée n’est pas spécialement de vous lancer dans l’élaboration d’une police ultra travaillée. Mais plutôt de garder une certaine cohérence entre vos textes. À vous ensuite de choisir quelque chose de très simple ou de pousser le curseur.

3- Numérique ou à la main : des conseils communs

Que vous dessiniez sur une tablette, un ordinateur ou sur une feuille de papier, certains points restent les mêmes. Des constantes, qu’il vous faut suivre pour ne pas vous éparpiller.

• Gardez le cap : évitez de multiplier les polices différentes sur une même carte. Trop de styles amènera de la confusion au détriment de la cohérence.
  
• Un mot, sobriété : limitez les polices trop décoratives, surtout pour des cartes où les noms de lieux sont essentiels. Une police trop ornementée peut nuire à la lisibilité, surtout si elle est utilisée pour des éléments de petite taille ou dans des zones déjà très remplies.
  
• Détacher pour mieux voir : si vous voulez que vos textes ressortent encore davantage du reste des éléments de votre carte, une solution peut également être d’ajouter un cadre, un fond à vos textes. Ceci afin de les détacher du “décor” et ainsi de les repérer plus vite et plus facilement.

4- Des ressources pour trouver l’inspiration

Si vous n’avez pas vraiment d’idées, d’inspiration pour imaginer vos polices idéales, que ce soit à la main ou en numérique, rien ne vous empêche d’aller puiser sur internet dans différentes ressources et ainsi savoir un peu mieux vers quoi vous orienter.

N’hésitez pas à aller jeter un oeil sur ces sites (liens cliquables) : 

• Dafont : pour moi, l’une des références parmi les bibliothèques de polices.
• Google Fonts : une banque de polices importante et efficace.
• Dribbble : orienté graphisme de façon générale, ses polices pourraient vous inspirer.
• Behance : propose un large choix de typos, gratuites comme payantes.
• FontFabric : grand panel de polices (gratuites ou non), ici je vous renvoie vers la section gratuite mais libre à vous d’aller fouiller.

Je vous conseille également d’aller consulter l’article du Blog du Modérateur qui liste plusieurs sites de polices gratuits.

À vous de jouer

Quand on pense “carte fantasy”, les titres et autres éléments textuels ne sont pas la première chose à laquelle on pense. On commence souvent à y réfléchir à la fin, en se disant “Mince, mais où est-ce que je l’écris le nom de cette ville ? Il n’y a plus de place !”. À travers cet article, j’ai partagé avec vous les clefs pour ne plus vous retrouver dans cette situation.

Soigner son lettrage ajoutera cette touche unique à votre monde. À travers le travail apporté au texte, une carte classique deviendra spéciale et donnera une impression originale à l’univers que vous avez créé.

Alors maintenant, à vous de jouer. Essayez, griffonnez, recommencez. Et dites-vous que ce n’est pas vraiment de l’écriture mais plutôt du dessin de lettres. Tout est une question de point de vue après tout.

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